top of page

Quelques enseignements de la journée de Montpellier

Photo du rédacteur: Esprit du Sud 40Esprit du Sud 40

Le samedi 11 février dernier, sous la lumière tranquille d’un beau soleil d’hiver, près de 15 000 personnes des divers départements du Midi et sud-est de la France étaient réunies place de la Comédie à Montpellier pour défendre leur culture face aux menaces brandies par plusieurs représentants écologistes et animalistes à l’encontre de la course camarguaise. L’appel d’un grand nombre d’élus du peuple, des fédérations sportives et culturelles et des réseaux associatifs, de même que la mobilisation spontanée des citoyens, a ainsi abouti à une grande manifestation, rassemblant pêle-mêle acteurs de la course camarguaise et taurins, mais aussi chasseurs, pêcheurs, agriculteurs, éleveurs, passionnés attachés à leur terre, bien conscients que ces attaques contre la bouvine – spectacle pourtant sans mise à mort – n’était qu’un des assauts de l’offensive plus générale lancée depuis plusieurs années contre toutes les expressions culturelles du sud de la France. A partir de cette journée, dont les détails ont été abondamment relayés par les médias régionaux et nationaux, nous nous proposons de passer rapidement en revue quelques enseignements susceptibles d’éclairer notre action, afin de répondre efficacement aux attaques qui, on peut l’imaginer, ne manqueront pas de revenir troubler la paix de nos terres de Gascogne.


À l’image, d’ailleurs, de celle du 18 septembre 2021 à Mont de Marsan, ou de celles organisées en novembre dernier contre la proposition de loi Caron – et dont Esprit du sud 40 fut l’une des principales instigatrices –, cette manifestation démontre d’abord l’émergence d’une véritable prise de conscience face à la volonté de remise en cause profonde de nos modes de vies et de notre rapport à la nature, que dissimulent mal les attaques contre les pratiques taurines, seules visées officiellement. Nous ne pouvons, bien entendu, que nous réjouir de cette évolution et faire en sorte de l’encourager, notamment auprès des nouvelles générations, comme le groupe jeune Esprit du Sud entend le faire, en bonne intelligence avec d’autres associations.


Il nous faut cependant prendre garde à l’écueil d’une rhétorique de blocs ; et d’abord, celle de l’opposition un peu simpliste entre « rural » et « urbain » car, à bien y regarder, la réalité des évolutions sociologiques vient rapidement battre en brêche la partition géographique ville/campagne. En effet, s’ils sont sur-représentés dans les métropoles, nos adversaires, dont ceux que l’on appelle parfois facilement les « bobos écolos », sont aussi de plus en plus présents dans nos territoires, où ils forment une frange significative des néo-ruraux. À l’inverse, nombre de citadins regardent notre cause avec une indifférence bienveillante ou une curiosité réelle, voire soutiennent complètement nos modes de vie. Attention donc à ne pas simplifier les choses en faisant trop vite des adversaires de tous ceux qui viennent de la ville, ou à l’inverse, en considérant tous les ruraux comme un public acquis. Dans la même logique, peut être ne faudrait-il pas abuser – malgré la commodité de son emploi – de la « ruralité », terme difficile à définir, et dont le charme des accents rustiques n’a d’égal que la fragilité face aux réelles attentes du débat contemporain.


Le dernier enseignement enfin – et le plus important sans doute – réside dans la nécessité d’une vaste unité et d’une solidarité réelle entre toutes les expressions culturelles de nos terres. Ceci tend désormais à s’imposer comme une évidence, mais il n’en fut pas toujours ainsi. On sait notamment que jusqu’alors certains acteurs et passionnés de la course camarguaise pensaient – sans doute du fait de l’absence de mise à mort – ne pas être concernés par les attaques qui frappaient la corrida. Les déclarations du parti animaliste montpelliérain ont tôt fait de dissiper l’ambiguïté. Avis donc aux taurins quels qu’ils soient, aux chasseurs, pêcheurs et autres tortionnaires : vos modes de vie seront ensemble dans la première charrette du monde nouveau ! Là encore, il ne faut pas penser nos adversaires comme un bloc immuable, qui n’en voudrait tout simplement qu’aux pratiques impliquant la mise à mort de l’animal et qui se contenteraient d’un simple ravalement de façade pour laisser tranquille les autres spectacles taurins. Il s’agit plutôt d’une mouvance, elle-même divisée en courants multiples, mais que la logique révolutionnaire vers un avenir prétendument meilleur portera irrémédiablement à adopter la solution la plus radicale. Ne nous laissons donc pas duper par la rhétorique hypocrite de ces nouveaux inquisiteurs qui prétendent, comme à Montpellier, vouloir « interdire » la corrida, la chasse et la pêche, mais simplement « réformer » la bouvine ; ce n’est là qu’une grossière entreprise de division, en attendant d’aller plus loin. Car, n’en doutons pas, sous couvert de lutter contre la souffrance animale – souvent avec hystérie et ignorance – c’est un idéal de l’homme lui-même, exprimé par son rapport à la nature, que ces gens veulent atteindre et tuer.


Ainsi, la mobilisation de nos amis du Sud-Est, comme celles organisées chez nous auparavant, témoignent de l’impérieuse nécessité de poursuivre nos efforts sur la voie du rassemblement et de la solidarité des différentes expressions culturelles, afin d’opposer un front uni et dynamique à ceux qui tentent de nous diviser et de nous faire disparaître.

0 commentaire

Comments


bottom of page