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La Hailhe de Nadau par Marie Pendanx, géographe auteur de "Cultures locales et identités en pays landais"

Photo du rédacteur: Esprit du Sud 40Esprit du Sud 40

La Hailhe de Nadau, un feu de joie à l'approche de la fin de l'année

Depuis toujours, habitants des Landes et de Gascogne allument un grand brasier au centre de leur village en ce dernier mois de l’année. A l’origine, il s’agissait de célébrer le solstice d’hiver soit la plus longue nuit de l’année (le 20, 21 ou 22 décembre). Et puis il est devenu coutume qu’on allume surtout ces grands feux de joie au début de la nuit du réveillon de Noël. Mais d’où vient cette tradition ?


Les hypothèses sur les origines de cette tradition séculaire vont bon train : feu allumé par les Bergers de Bethléem pour réchauffer l’enfant Jésus, rappel de l’étoile annonciatrice de sa naissance ou encore réminiscence de la fête païenne du soleil célébrée lors du solstice d’hiver …


Une chose est sûre, cette tradition des feux de Noël appelé « La Hailhe de Nadau » en gascon a traversé les siècles et perdure ici encore aujourd’hui tout en se renouvelant. En effet, elle accorde désormais davantage d’importance au plaisir de se rassembler en famille, entre amis, entre voisins autour d’un grand feu de joie même si la croyance sur le rituel protecteur de ce feu persiste chez certains. On se retrouve, on discute, on chante, on joue parfois de la musique, on boit un verre de vin chaud autour de ce feu de joie de Noël enchantés de voir dans les environs une campagne parsemée de feux étincelants et chaleureux. Certaines communes proposent d’ailleurs de poursuivre ou réitérer cette tradition en faisant leur propre « Hailhe » sur la place centrale autour d’un vin chaud, moment de partage et de convivialité. C’est ainsi que Capbreton embrase la nuit de Noël de sa fidèle Torèle, en dressant, le soir du 24 décembre, aux abords de la place située entre la mairie et l’église, cet immense bûcher en forme de petite tour carrée pour le plaisir des Petits et des Grands.


Ici comme ailleurs, les fêtes de Noël s’inscrivent ainsi dans le cycle régulier des fêtes calendaires, venant rythmer la vie des populations concernées par des rites et coutumes socialisants, marquant le passage d’une saison, d’une année, d’un âge à l’autre.


D’ailleurs, ces feux de Noël, appelés ici les « Hailhes de Nadau », constituent une tradition très ancienne : on les allume le 24 décembre pour conjurer le sort, faire fuir les mauvais esprits ou même guider le Père Noël jusqu’aux villages du coin diront certains !


En effet, autrefois, en ces terres rurales et agricoles, ce feu rituel était censé ici faire fuir les sorcières et autres mauvais esprits pour assurer une bonne récolte l’année suivante. La période de fin décembre se prêtait particulièrement alors aux superstitions qui allaient bon train en nos campagnes gasconnes. Aussi, en cette veille de Noël, on allumait un feu dans chaque maison de sorte que ces milliers de feux répondaient aux étoiles du ciel. Et pour protéger les récoltes, on faisait même avec son flambeau le tour de la maison, la fumée éloignant les mauvais esprits, voire les ennemis.


Aujourd’hui, cette tradition des feux de Noël perdure et ils continuent d’embraser les collines de certains villages notamment dans les campagnes de Chalosse. Le soir du 24 décembre, on se réunit en famille ou entre amis autour d’une immense gerbe faite de bois et de paille, l’occasion de boire un vin chaud en regardant symboliquement se consumer nos soucis de l’année écoulée et même de faire quelques vœux pour l’année suivante ! La « Hailhe de Nadau » est alors l’occasion de voir les braises s’envoler telles des étoiles scintillantes et de faire briller les yeux des plus Jeunes comme des plus Anciens pour le bonheur de tous. Aussi, dans certaines maisons, pour porter bonheur, on dépose même dans la cheminée un « soc de Nadau », la bûche de Noël, qui devra brûler et durer jusqu’au 1er janvier !

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