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Photo du rédacteurMarie Pendanx

Passion et transmission coursayre

Vivier indispensable à la pérennisation de la Course Landaise à travers la formation de ses futurs acteurs (écarteurs, sauteurs et entraineurs), l’Ecole taurine de la Fédération Française de Course Landaise (FFCL) accueillait chaque saison en moyenne une vingtaine d’élèves. Et force est de constater que son succès ne se dément pas : « Cette année, 46 jeunes sont arrivés, c’est énorme ! Ça grandit, c’est que du positif qui s’en sort. » nous confie Loïc Lapoudge.




L’Ecole taurine de la FFCL est le creuset où se préparent les acteurs de la Course Landaise de demain. Ainsi, le projet pédagogique qu’elle propose se fonde sur l’apprentissage des connaissances théoriques et sur la préparation physique, articulé autour de modules d’entrainement et de relevés de performances. Effectivement, on ne s’improvise pas écarteur, sauteur ou même entraîneur. Un apprentissage est nécessaire pour se préparer physiquement et psychologiquement à affronter une coursière.


Placés sous la houlette de Christophe Malet et Loïc Lapoudge, les entraînements débutent en janvier à Campagne et se poursuivent jusqu’au printemps avant de se dérouler dans les arènes landaises avec du « vrai » bétail. La période de formation s’organise en trois temps. D’abord, sont organisées les séances de préparation physique et de prise de contact avec la technique. Ensuite, sont abordées les techniques de l’écart, du saut et de l’entrainement, devant le traditionnel karting pour, enfin, s’orienter vers les premières figures face aux coursières, pour les plus de 15 ans. La fin de la formation s’intensifie face au bétail et le point d’orgue de l’année est la présentation officielle de l’Ecole taurine qui se déroulera cette année le 28 juin et qui permet au public d’apprécier les progrès réalisés au cours de l’année par ces jeunes passionnés.



D’ailleurs, Loïc Lapoudge nous explique combien « Les gosses vivent leur passion. Ils travaillent hors entraînement. » Aussi, pour mieux comprendre ce qui se joue dans la transmission de cette passion coursayre et plus largement de nos cultures locales, nous avons suivi Firmin qui a commencé les cours proposés par l’Ecole taurine en janvier 2024. Ce jeune garçon âgé de 11 ans et habitant Orthez aime la course landaise comme il le dit : « Pour moi, la course landaise, c’est un sport, c'est un spectacle. C’est quelque chose d’impressionnant et aussi d’intéressant car c’est dans la culture landaise, un peu béarnaise et un peu dans le Gers. » Et de poursuivre : « J’aime la course landaise. Je voudrais être un artiste de la course landaise. J’aimerais commencer à écarter à 16 ans, des petites vaches, puis à 20 ans des plus grosses. J’aimerais bien être écarteur, sauteur ou cordier, mais surtout écarteur car je n’ai pas envie de sauter par-dessus les vaches. »


Firmin explique ainsi sa passion pour la course landaise : « J’ai vu ma première course landaise à cinq ans et j’ai bien aimé. J’aime comment ça se déroule, ce qui me plaît, c’est écarter l’animal sauvage, la vache, comme le taureau, affronter la vache, prendre le risque de l’affronter. »


La passion est une chose, l’apprentissage en est une autre mais rappelons aussi l’importance de la transmission. Pour que continuent à vivre nos cultures locales, il est indispensable de les faire vivre, de partager et transmettre entre générations ces pratiques, en témoigne le vécu de Firmin : « À l’âge de trois ans, je suis allé voir avec mon papi pour la première fois un toro-ball, celui de Montfort-en-Chalosse, et depuis j’y reviens chaque année. » D’ailleurs, Loïc Lapoudge nous rappelle : « J’ai été à l’Ecole taurine, ça a été ma formation. On a reprisl’Ecole taurine avec Christophe Malet. Ça a été comme boucler la boucle d’apprendre ce qu’on a appris. » Et d’ajouter : « Voir un jeune qui débute et sort de très beaux écarts, c’est une belle récompense pour nous. »



Par ailleurs, Christophe Malet insiste sur l’importance de cet apprentissage et combien il a évolué dans le temps : « J’ai été élève à l’Ecole taurine en 1993 et 1994. Jeune, dès l’âge de 11 ans, j’allais devant les vaches dans les toro-balls. Après, j’ai commencé l’Ecole taurine Génération 2000 avec Alain Laborde. J’ai appris beaucoup de techniques. » Il ajoute : « L’école a suivi l’évolution du monde et ce n’est plus la même façon d’apprendre. Aujourd’hui, l’école taurine est beaucoup plus complète. Avant, on parlait peu de technique. Aujourd’hui, il faut être plus diplomate. Avant, c’était à la dure, il fallait être courageux et on apprenait beaucoup par la pratique, chacun avait son propre style. Aujourd’hui, par des conseils techniques, on peut s’améliorer. » Puis il précise : « Autrefois tous les jeunes faisaient du sport. Aujourd’hui, les jeunes ne sont pas sportifs, ils ont donc tout à apprendre, c’est pourquoi on commence par des exercices physiques. » Et de conclure : « la course landaise est devenue un sport. Autrefois, c’était plus le spectacle. Aujourd’hui, c’est vraiment la performance. »


« Ces jeunes rêvent des arènes, ils sont motivés et j’espère que ça continuera comme ça ! Ils se découvrent eux-mêmes dans l’arène. » nous confie Loïc Lapoudge. Aussi, il ajoute : « L’école taurine, c’est un bon apprentissage de la course landaise mais aussi un bon apprentissage de la vie, ça permet de savoir se responsabiliser. »



C’est ainsi que l’Ecole taurine de la FFCL contribue à la transmission entre les générations de cette passion coursayre. Mais avant d’intégrer cette école taurine, il est à remarquer l’importance aussi de l’environnement dans lequel vivent et grandissent ces jeunes. La maman de Firmin nous l’explique à l’occasion de l’entraînement du 9 juin 2024 dans les arènes de Pomarez, « la Mecque de la course landaise ». En ce grand jour du premier écart de Firmin devant un veau, elle nous confie : « J’étais fière, c’est l’aboutissement d’une saison d’entraînement, c’est la concrétisation d’une passion pour la course landaise, pour les vaches de course landaise. C’est une passion qu’il a cheville au corps, qui ne le quitte plus depuis qu’il a vu son premier toro-ball à Montfort et son premier encierro à Pampelune à l’âge de trois ans. Il a toujours baigné dans les fêtes locales dans les Landes bien que béarnais. » Firmin a eu son premier carreton à l’âge de trois ans et depuis qu’il est à l’Ecole taurine il passe des heures à travailler ses écarts sur son temps libre. D’ailleurs, il a déjà fait son planning pour aller écarter cet été à l’occasion de différents événements taurins ! A l’instar de la maman de Firmin, le papa de Achille est lui aussi fier de son garçon âgé de 8 ans qui vient de faire son premier écart : « C’est le début d’une grande carrière j’espère ! Achille est très motivé. On l’a toujours emmené aux courses landaises, son grand-père écartait. » Et d’ajouter : « Achille veut même transformer la ferme familiale de canards en ganaderia ! » Ce que confirme l’intéressé à la sortie de piste : « ça faisait un peu peur d’avoir une bête en face mais j’attendais ce moment avec impatience et je suis content de mes deux écarts. Plus tard, je veux être ganadère parce que c’est ma passion ! »


La motivation et l’envie des jeunes de devenir vite de futurs acteurs de la course landaise associées à la passion et la volonté de l’ensemble du staff de faire émerger de nouveauxtalents, les ingrédients semblent réunis pour assurer une relève aussi bien fournie en quantité qu’en qualité. Aussi, Loïc Lapoudge nous rappelle combien « Il est important de leur apprendre les dessous de la course landaise, à commencer par le travail. Pour vivre leur passion, il faut être assidu. » Marie Pendanx

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